Expérimentation : la technologie à la rescousse des animaux

Le Conseil canadien de la protection des animaux (CCPA) n’a pu qu’applaudir des deux mains l’article publié le 9 août 2017 dans lequel deux chercheurs australiens listaient les alternatives sérieuses à l’expérimentation animale. Grâce aux expériences in vitro et aux techniques in silico, quelques-uns des trois millions d’animaux étudiés annuellement au Canada à des fins scientifiques devraient avoir la vie sauve.

Un encadrement toujours plus strict
Le recours aux animaux (principalement souris, poissons et rats) pour la recherche fondamentale, les études médicales et cliniques, les essais réglementaires ainsi que pour le développement de produits et de dispositifs médicaux est fortement encadré par le CCPA. L’animal doit bénéficier d’un confort physique et d’un bien-être psychologique, les souffrances ou angoisses découlant de l’expérience doivent être minimalisées et, si elles devaient devenir insupportables, l’animal devrait être mis dans un état inconscient avant que la vie ne lui soit enlevée avec humanité. Même si les expériences causent peu ou pas d’inconfort ou de stress (39 % des expériences), ou un stress mineur ou une douleur de courte durée (31 %), il faut malgré tout déplorer les cas de détresse ou d’inconfort modéré à intense (28 %) et de douleurs intenses (2 %). C’est pourquoi les scientifiques et les chercheurs du monde entier sont appelés à suivre le principe des 3 R, développé en 1959 par les scientifiques Burch et Russell, qui recommande le remplacement (de l’animal si possible), la réduction (du nombre d’animaux utilisés) et le raffinement (des méthodes et des procédures pour limiter le stress et la douleur).

Des solutions alternatives prometteuses
Parmi les solutions in vitro agissant sur les cellules et les tissus humains, l’organe sur puce, développé en 2010 par des chercheurs de l’Université de Harvard et de Pennsylvanie, permet de créer des systèmes microscopiques en recevant des cellules vivantes en culture. En simulant ainsi l’activité d’un organe (exemple : un système circulatoire avec des canaux microscopiques et une pompe), des médicaments et des toxines peuvent être testés de façon plus précise que sur des animaux. Autre prouesse technologique : la reconstitution de tissus – à partir notamment des yeux, de l’intestin ou encore de la peau – permet de tester l’innocuité des médicaments, des cosmétiques, des produits chimiques avec un double avantage : fini l’injection de substances dans des cochons d’Inde rasés, obtention de résultats meilleurs que sur des tissus d’origine animale. Quelle satisfaction aussi de ne plus avoir, grâce à la synthétisation de dérivés de sang humain, à remettre dans les océans les limules avec la certitude qu’à peine 60 % survivront, une fois prélevé 30 % de leur sang. Capables de détecter des bactéries, les limules fabriquent un caillot grâce à la protéine LAL, laquelle est utilisée depuis les années 60 pour détecter la présence de tout bactérie sur des implants, des produits injectables ou encore sur tout matériel médical. Les solutions passent aussi par le in silico, et notamment la modélisation informatique – qui représente la biologie humaine et simule la progression des maladies – et les « relations quantitatives structure à activité » (QSAR en anglais), qui permettent de prédire avec une grande fiabilité la nuisibilité d’une substance. Enfin, les animaux type cochon et chien devraient également être davantage épargnés grâce au recours des simulateurs de patients humains informatisés, pour l’apprentissage en physiologie et en pharmacologie, et du TraumaMan – plus vrai que nature avec ses couches de peau, de tissus, d’organes – sur lequel devraient dorénavant se pratiquer les chirurgies d’urgence.

Il est indéniable que l’homme doit profiter de la 4e révolution industrielle pour trouver des solutions alternatives à l’expérimentation animale, car « s’il est roi de tous les animaux, il ne doit pas en être un bourreau » (Jean-François Haumont).

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