La basse technologie ou comment innover en respectant la nature et l’homme

Apparues il y a plus de 50 ans, les prémices de la basse technologie (low technology) ont été rapidement étouffées par des groupes de pression – notamment aux États-Unis – avant de renaître au début du 21e siècle, en guise de réponse à la dégradation de la situation économique et environnementale. Avant de découvrir ses caractéristiques et de livrer quelques illustrations, voyons comment ce phénomène est défini.

 

Phénomène tourné vers le passé ou l’avenir?
La basse technologie n’est pas une ancienne technique qui recourrait à des matériaux anciens, voire à des méthodes archaïques, comme le laisse penser le Cambridge International Dictionary of English. Cette vision négative et pessimiste – quelque peu surannée – tend à disparaître des esprits, pour laisser progressivement la place à une définition plus nuancée, qui intègre une dimension philosophique, environnementale et sociale. Foncièrement tournée vers l’avenir – et non vers le passé, comme ses détracteurs aiment à penser –, la basse technologie est une réponse à certaines dérives de notre époque, qui sont intimement liées aux innovations technologies, telles que l’obsolescence programmée et la société de consommation. C’est ainsi que la basse technologie préfère la préservation des richesses de la Terre, la réduction de la consommation d’énergie polluante et du gaspillage ainsi que des déchets à l’exploitation outrancière des ressources naturelles et des matériaux rares.

 

Le bon sens au service du bien-être
La basse technologie, articulée autour de divers volets (social, économique et environnemental), recourt à des matériaux recyclés, réutilisés ou provenant de la nature, qui respectent l’environnement et qui sont peu énergivores. Les méthodes de fabrication, quant à elles, relèvent de processus simples, peu coûteux et accessibles à tous, qui favorisent l’emploi local, les travaux d’artisanat, la participation active des individus et des communautés tout en visant une qualité de service et de produit ainsi que le bien-être des travailleurs. Cette philosophie ne connait pas de limites, et s’applique donc à un large éventail de secteurs d’activité. En informatique, de vieux ordinateurs évitent les décharges publiques en passant sur des systèmes d’exploitation de basse technologique, pour la plus grande satisfaction des pays pauvres. Dans la même veine, des réseaux Internet à basse technologie offrent un accès au cyberespace aux régions reculées. Dans le domaine architectural, les innovations de basse technologie se développent à grands pas, comme en témoignent les maisons construites en matériaux totalement recyclés ou encore les habitats en terre cuite, également pour les pays tempérés. Quant à la médecine, elle se doit d’être ingénieuse afin que cesse le gaspillage de matériels de pointe inexploitables dans les pays en voie de développement, à défaut de ressources compétentes suffisantes et d’un accès fiable à l’électricité. C’est ainsi que le « paperfuge » a vu le jour, et remplace allégrement (125 000 tours par minutes) la centrifugeuse onéreuse et énergivore qui sépare les différents composants du sang, et ce, en seulement deux minutes, avec un investissement des plus abordables (feuilles de papier, morceaux de bois, fil de pêche, tubes à essai miniature), le tout imaginé par des ingénieurs de Stanford. 

L’époque actuelle laisse à penser que la basse technologie devrait se développer sur tous les continents et dans toutes les sphères de l’économie dans les années à venir. Que ses détracteurs se rassurent, cette philosophie n’est pas incompatible avec les nouvelles technologies, lesquelles pourraient être au service de la basse technologie en optimisant les ressources naturelles et en se fondant sur d’anciens processus de fabrication.

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