L’influence significative des modes de vie sur notre squelette

Que de chemin parcouru depuis l’époque où l’on pensait que le squelette était rigide ou, plus récemment, lorsque l’on croyait que seul l’ADN avait une influence sur notre ossature. En étudiant les squelettes, l’ostéobiographie nous révèle à quel point les os s’adaptent à nos nouveaux modes de vie et influent sur notre corps et notre santé.

 

Le paléolithique et la mâchoire
Depuis le Paléolithique – cette ère où sont apparus les premiers outils permettant à l’homme préhistorique de couper sa viande en petits morceaux et ainsi de moins mastiquer –, la mâchoire de l’homme n’a cessé de s’affaiblir. Ce phénomène s’est malheureusement aggravé avec les aliments mous provenant de l’agriculture et, depuis quelques décennies, avec les repas tout préparés ne nécessitant pas grande mastication. Conclusion, la mâchoire n’étant pas aussi robuste ni grande que d’antan, les 32 dents ne peuvent s’y développer correctement pour le plus grand bonheur des dentistes et orthodontistes devant gérer les malocclusions, extraire les dents de sagesse, poser des broches sur les dents de travers… sans oublier qu’une mâchoire inférieure impactée – la mandibule – peut entraîner des complications sur les voies respiratoires et, par ricochet, sur l’apnée du sommeil, la mémoire, l’attention…

 

Les écrans et la protubérance occipitale
Pas besoin de vous convaincre, cher lecteur, que le temps passé sur les écrans ne cesse de croître depuis des années. Il en résulte une tension intense sur votre nuque, tension qui s’intensifie selon l’inclinaison de la tête : votre tête qui pèse (seulement) 5 kg lorsqu’elle est droite, passe à 18 kg, puis à 27 kg lorsque vous la penchez respectivement de 30 et de 60 degrés pour consulter votre écran. Les muscles de la nuque étant mis à rude épreuve, le corps les protège en augmentant la surface d’os à laquelle ils sont rattachés, améliorant ainsi la répartition de la tension. Il en résulte une protubérance occipitale, qui est non seulement décelable sur davantage d’hommes et de femmes qu’il y a un siècle, mais qui, le cas échéant, est de bien plus grosse taille (5 à 30 mm). Nommé la cervicalgie du texto (text neck en anglais), ce phénomène est devenu perceptible sur notre corps en moins de deux décennies.

 

Les coudes et le manque d’activité physique
En 2014, la scientifique allemande Christiane Scheffler a remarqué que les jeunes du XXIe siècle avaient des coudes moins larges. En effet, l’indice mesurant l’ampleur du coude (frame index) avait significativement diminué depuis 1980 pour atteindre moins de 0,001, et ce, autant chez les filles que chez les garçons. Par conséquent, des études ont été menées afin d’en découvrir l’origine, car ni la génétique ni l’alimentation ne pouvaient expliquer cette mutation. Il en était ressorti que la perte de masse osseuse était liée au manque d’activité physique quotidienne de l’être humain. Initialement résistant pour marcher presque 30 km par jour, le corps humain est peu sollicité lorsqu’il s’agit d’une pratique de sport hebdomadaire ou d’une heure de gymnastique quotidienne. Conclusion, les muscles étant moins mis à contribution, la masse osseuse qui les soutient n’a pas besoin de se développer autant et aura même tendance à diminuer.

 

Il est difficile de définir aujourd’hui les conséquences de l’évolution des modes de vie sur nos corps. Pourrons-nous, un jour, compter sur la technologie pour qu’elle informe l’être humain des conséquences de ses propres mutations afin de prévenir d’éventuels problèmes de santé?

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