Ça plane pour l’industrie aéronautique canadienne!

Le secteur a retrouvé une belle santé après les difficultés rencontrées à la suite du 11 septembre 2001. À l’heure actuelle, les commandes atteignent un niveau record chez la plupart des constructeurs. Zoom sur une industrie qui fait vivre près de 80 000 personnes au pays.

Fin 2001, les répercussions des attaques terroristes contre le World Trade Center ne se font pas attendre : l’industrie aéronautique mondiale plonge dans le marasme économique. Les pertes des compagnies aériennes influent sur les commandes des constructeurs, et les réductions d’effectifs se comptent par dizaine de milliers. Au Canada, moins d’un mois après les attentats, Bombardier annonce la suppression de 3000 emplois dans sa branche aéronautique. Un exemple parmi tant d’autres pour illustrer une crise qui a duré deux ans.

UN CHIFFRE D’AFFAIRES QUI DOUBLE EN 15 ANS

Depuis 2004, le « cauchemar » est bel et bien terminé. Mieux : le secteur de la construction aérienne est en plein boom. L’an dernier, l’industrie aérospatiale canadienne (qui rassemble les activités aéronautiques et spatiales) a réalisé un chiffre d’affaires de 22,1 milliards de dollars, plus du double des valeurs observées au début des années 1990. Elle se classe désormais au quatrième rang mondial, derrière les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. Cette année, ses revenus devraient encore augmenter et dépasser 23 milliards de dollars, selon les prévisions de l’association commerciale nationale représentant les secteurs manufacturiers et de services de l’aérospatiale du Canada (AIAC). 

En parallèle, le nombre total d’emplois dans l’aérospatiale est repassé au-dessus de son niveau d’avant les attentats de New York. En 2006, le secteur comptait 79 000 travailleurs, soit 4000 de plus que l’année précédente. Le Québec à lui seul concentre plus de la moitié de la main-d’œuvre avec 45 000 employés. 

DES EXPORTATIONS STIMULÉES PAR LA CROISSANCE MONDIALE

Grâce à la vigueur de la croissance économique mondiale, les occasions se sont multipliées pour une multitude d’acteurs canadiens qui comptent parmi les chefs de file dans leur domaine d’activité : Bombardier (avions), Bell Helicopter Textron (hélicoptères), Pratt & Whitney Canada (moteurs) ou encore CAE (simulateurs de vol). Rappelons que 80 % de la production de ces fabricants est exportée. « Les déplacements aériens sont en hausse constante tout autour de la planète », affirme Carmy Hayes, du Centre d’adaptation de la main-d’œuvre aérospatiale au Québec (CAMAQ). « La demande en produits et services aéronautiques est donc très forte, en particulier dans les pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. » Par effet de dominos, plus de 400 équipementiers, fournisseurs et sous-traitants engrangent des profits dans toutes les provinces du Canada.

Chez Bombardier Aéronautique, le carnet de commandes pour les avions régionaux et autres avions à réaction privés n’a jamais été aussi rempli. Depuis le début du présent exercice le 31 janvier, il a grossi de 38 % pour atteindre un niveau historique de 18,2 milliards de dollars. De même, les commandes nettes du deuxième trimestre ont plus que doublé par rapport à la même période de l’année précédente, avec 187 avions contre 77.

R & D : LE PRIVÉ DÉPENSE 1 MILLIARD DE DOLLARS PAR AN

Par ailleurs, les grands industriels canadiens ont investi ces dernières années sur des niches de marchés considérées comme porteuses. Il y a deux ans, Pratt & Whitney Canada se lançait notamment dans le développement de petits moteurs pour avions-taxis. L’idée : utiliser des méthodes de production de masse inspirées de l’industrie automobile pour pénétrer un marché à hauts volumes de ventes. Aujourd’hui, six mois après le lancement de ces produits révolutionnaires, les contrats se comptent déjà par milliers. L’équivalent de 40 ans de commercialisation pour un moteur traditionnel !

Dans son ensemble, le secteur privé dépense chaque année plus d’un milliard de dollars dans cette R & D qui constitue le cœur de l’industrie aéronautique canadienne. Face à des constructeurs chinois, indiens et taïwanais de plus en plus compétitifs, les Bombardier ou PWC misent plus que jamais sur l’innovation. D’autant plus qu’avec la hausse continue du prix du pétrole, il devient urgent de construire des avions plus économes et moins polluants.

Un contexte économique favorable, de nouveaux marchés, des projets à long terme… Les grands acteurs – et, par extension, les plus petits – ont retrouvé de quoi afficher une belle sérénité pour les années à venir. Si l’industrie reste sensible à des événements comme ceux du 11 septembre, elle peut aussi s’appuyer sur des bases solides au Canada. 

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