Quand la technologie s’invite dans la reconstruction de Notre-Dame

L’émotion et la stupeur des premières heures qui ont suivi l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 16 avril 2019, ont rapidement laissé la place au temps de la reconstruction. Experts, architectes, ingénieurs… tous sont intervenus sur les médias pour donner leur avis sur la question sans compter le président français, Emmanuel Macron, qui a appelé de ses vœux les plus chers que les travaux soient menés à bien dans un délai de cinq ans. Dans ce contexte, il va de soi que la technologie tiendra une place essentielle dans ce chantier colossal.

 

Des archives numérisées
Les différentes parties prenantes à la reconstruction pourront s’appuyer sur d’innombrables documents numérisés de la cathédrale qui est, par chance, l’un des bâtiments mondiaux les plus documentés : plans, coupes, inventaires et élévations récemment établis sur les principales parties de la cathédrale; modélisation et relevés laser en 3D effectués sur la fameuse charpente – appelée la forêt – qui compte 150 numérisations avec une précision millimétrique (près de cinq milliards de points). Tous ces documents donnent un éclairage essentiel sur la façon dont les différentes pièces sont fabriquées et également sur leur emplacement. Ainsi, ces technologies de numérisation servent non seulement à préserver la mémoire, mais elles sont aussi indispensables dans des cas de reconstruction ou de restauration.

 

La technologie au service du diagnostic
Le diagnostic de la situation doit aller bien au-delà de la simple analyse visuelle. Dans un premier temps, il faut repérer les impacts et les zones de fragilité du bâtiment. De nature gothique, Notre-Dame trouve son équilibre avec des poussées latérales basées sur des butés et des contre-butés. Ainsi, en établissant un nouveau relevé 3D (de 30 à 40 milliards de points) et en le comparant aux précédents, il sera possible de repérer les déformations qui continuent de progresser et de déterminer les interventions de consolidation à effectuer en priorité. Ensuite, un effort considérable sera mis sur l’analyse des dégâts des biens immobiliers endommagés par le feu et l’eau. Des experts seront à l’œuvre pour scruter d’éventuelles attaques de champignons sur les objets anciens, très sensibles à l’humidité, pour prévenir tout risque de moisissure et de pourrissement. De même, des biologistes spécialisés interviendront pour traiter les bactéries, à l’image d’un médecin, en émettant un diagnostic, en trouvant des solutions pour les traiter (moyennant des antibiotiques) et ainsi éviter leur propagation.

 

Des savoir-faire ancestraux soutenus par la technologie
La grande question qui est apparue bien vite après l’incendie concerne le type de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame : à l’identique ou avec une pointe de modernité? Ce débat sera peut-être tranché par le Building information Modeling. En effet, après avoir saisi une multitude de données techniques (fragilités, poussées, résistance des matériaux, etc.) dans ce logiciel, les ingénieurs et les historiens de l’art ainsi que les architectes pourront non seulement étudier chaque proposition de restauration, mais aussi visualiser une simulation du vieillissement de la cathédrale reconstruite et observer les éventuels risques à prévenir. Par ailleurs, la sévérité des normes techniques nécessitera des matériaux de grande qualité intégrant des innovations technologiques afin d’offrir une meilleure étanchéité à l’eau ou encore l’ignifugation des matières fragiles. Enfin, les artisans et les compagnons du devoir, bien qu’ils travaillent selon des procédés séculaires, devront intégrer les nouvelles technologies pour livrer un travail toujours plus précis et plus rapide (représentation 3D, impression 3D, etc.).

 

De nombreuses inconnues entourent ce projet de reconstruction, mais une chose est certaine. Grâce à la technologie et à l’ambition affichée du président français, nous pourrons voir la cathédrale reconstruite de notre vivant.

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