Des innovations en architecture toujours plus surprenantes

Concept à mi-chemin entre la création (arts) et la recherche (sciences), l’innovation en architecture vise à créer des « choses ordinaires d’une manière extraordinaire » pour Jacques White, directeur de l’école d’architecture de l’Université Laval. Comment cette innovation, qui se décline autour de la conception, des matériaux et des méthodes de travail, se matérialiste-t-elle?

 

 

Conception
L’innovation en architecture ne se résume pas à apporter seulement nouveauté et originalité aux projets de construction, de reconstruction ou encore de rénovation. Elle doit bel et bien être synonyme de plus-value, laquelle nécessite que les cabinets d’architecture – petits comme grands – mettent l’accent sur la recherche et le développement. C’est pourquoi ils ont tendance à nouer des partenariats avec des universités ou à créer leur propre association à but non lucratif afin d’être en mesure de proposer des idées avant-gardistes. De plus, les conceptions innovantes – développées pour durer – se doivent d’intégrer des scénarios à long terme permettant de faire évoluer la construction afin qu’elle puisse s’adapter aux besoins changeants de l’utilisateur.

 

Matériaux
L’innovation architecturale passe également par l’emploi de matériaux davantage durables, économiques, sécuritaires et recyclables. À ce titre, entreprises et universités du monde entier regorgent d’idées pour concevoir des matériaux plus efficaces, notamment en termes d’isolation : briques en papier (ciment combiné à la cellulose du papier et du carton recyclé) offrant un excellent isolant acoustique; plâtre antipollution qui filtre l’air intérieur (captation de 80 % des composés organiques volatils); isolant à base de champignons, lesquels tissent à partir du mycélium un bloc léger, dense et biodégradable; revêtement régulateur de chaleur avec sa paraffine qui fond (se solidifie) lorsque la température monte (baisse). Quant à l’aspect esthétique, il est loin d’être négligé comme nous le démontrent le bois transparent (Institut technologique de Stockholm); le ciment phosphorescent qui restitue la nuit la lumière absorbée durant le jour (Université Michoacana de San Nicolás de Hidalgo au Mexique) ou encore le béton translucide dont les fibres optiques intégrées laissent passer la lumière (produit onéreux que l’on retrouve au musée Guggenheim de New York).

 

 

Méthodes de travail
Apparus à la fin des années 70, les premiers outils de modélisation de bâtiments se sont améliorés au cours des décennies pour aboutir à la « modélisation des données d’un bâtiment » (plus connu sous le nom de BIM – Building Information Model), qui a été adopté – voire imposé – par de multiples gouvernements des cinq continents : Japon, Royaume-Uni, Iran, Singapour, Émirats arabes unis, France, Espagne, Allemagne, Canada, États-Unis, Nigéria, Afrique du Sud… Pourquoi un tel engouement? Parce que BIM traite l’ensemble des aspects du cycle de vie d’un ouvrage jusqu’à sa déconstruction en un endroit unique, permettant ainsi des réductions d’erreurs (61 %), des coûts de construction (30 %), de la durée du projet (22 %) ainsi que des plaintes et des litiges (17 %) d’après une étude réalisée par McGraw-Hill Construction en 2012. Aussi, parce que BIM restitue la multitude d’informations fournies par les divers corps de métiers impliqués dans la réalisation de l’ouvrage sous forme de maquettes intégrant des données aussi variées que les matériaux, les formes, les calculs énergétiques, électriques, hydrauliques, aérauliques…

 

 

Bien que l’innovation dans le domaine architectural apporte souvent satisfaction à ses créateurs, elle peut aussi en laisser certains dubitatifs sur l’essence du concept novateur, à l’instar de l’architecte portugais Alvaro Siza : « Si tu penses avoir inventé quelque chose, c’est la preuve de ton ignorance ! »

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