Neom : projet d’un prince saoudien mégalomane ou visionnaire?

Souhaitant réduire la dépendance de l’Arabie saoudite à l’or noir et redorer l’image quelque peu écornée de son pays, le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) a annoncé en 2017 la création d’une mégalopole à 500 milliards de dollars, dont les innovations technologies ne connaîtront ni limites ni contraintes.

 

Caractéristiques d’un projet pharaonique
Rien n’est trop grand pour Neom : 26 000 km2, soit la superficie du Massachusetts ou 250 fois celle de Paris. Rien n’est irréalisable pour Neom : construit entre l’océan, le désert et les montagnes, l’ensemencement de nuages pour générer de la pluie est envisagé. Rien n’est trop utopique pour Neom : possibilité d’avoir une lune artificielle. Rien n’est trop ambitieux pour Neom : objectif d’être la première ville au monde en termes de PIB. Klaus Kleinfeld, à qui a été confiée la direction du projet, doit remplir le mandat de MBS, à savoir attirer « les plus grands esprits et les meilleurs talents » du monde et conserver son rang mondial, malgré certaines différences et incompréhensions avec le monde occidental (corruption, droits des femmes, homosexualité, alcool, etc.). Estimé à 500 milliards de dollars, le projet Neom devrait être financé par la fortune personnelle du prince, le gouvernement saoudien, ainsi que par des investisseurs régionaux et mondiaux, même si MBS a reconnu, quelques jours après l’assassinat de Jamal Kashoggi, que « personne n’investirait dans le projet ». Pour l’heure, le pays peut se réjouir de ses premières réalisations, telles que l’aéroport de Neom Bay – un des quatre prévus – qui a connu son premier vol le 30 juin 2019.

 

 La technologie au centre du projet
Neom sera décliné autour de 16 secteurs d’activité, identifiés par les concepteurs du projet, pouvant créer une économie durable et engendrer un revenu annuel de 100 milliards de dollars. Qu’il s’agisse d’énergie, d’eau, de mobilité, de biotechnologie, d’alimentation, de fabrication, de média, de divertissement, de culture et de mode, de technologie et de numérique, de tourisme, de sport, de construction, de services, de santé et de bien-être ou encore de formation, les innovations technologiques occuperont une place primordiale. Pour preuve : l’énergie ne sera que solaire ou éolienne; les déplacements se feront en taxis volants (ni routes ni trottoirs); l’Internet sera à haut débit sans fil et gratuit; des robots et des androïdes exécuteront de nombreuses tâches; des milliers de caméras (fixes ou sur des drones) utiliseront la reconnaissance faciale et l’intelligence artificielle dans le but, rassure-t-on, d’offrir une vie sécuritaire; des programmes d’eugénisme positif seront proposés à des citoyens et étudiants méritants afin d’améliorer leur quotient intellectuel; des professeurs holographiques animeront les cours…

 

 Pour le commun des mortels, il est difficile d’imaginer la vie qu’offre Neom, d’autant plus que nombreux doutes et incertitudes existent quant à la faisabilité de divers projets. Alors que certains sont en droit de s’inquiéter d’une ville dans laquelle les humains seraient minoritaires, d’autres peuvent d’ores et déjà s’interroger d’une cité qui aurait, d’après MBS, sa propre législation en matière de travail, d’impôt et de justice.

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